mardi 4 septembre 2012

Extrait : Sous terre.





Willan ouvrit lentement les yeux. Il craignait que la douleur de ses poignets ne l'irradie s'il ouvrait trop précipitamment ses paupières. On l'avait enchaîné, à l'aide de menottes grossières et rouillée, qui frictionnait sa peau de manière très désagréable. Son poignet droit était douloureux, et il ne sentait plus le gauche. Depuis combien de temps était-il enchaîné ainsi? Il ne parvenait pas à calculer clairement le temps écoulé entre sa chute dans le trou, et lorsqu'il avait ouvert les yeux. Il n'était sûr que d'une chose, et elle était déplaisante: Elyo n'était pas près de lui. Lâchant un sifflement rageur, le jeune métis observa autour de lui. Il était assis dans un lieu semblable à une alvéole de pierre; intensément éclairée par un feu à l'éclat exagéré. Plissant les yeux, Willan observa l'unique présence de la pièce, assise dans un fauteuil, à une centaine de mètres de lui. Il percevait nettement le visage, au vu de la lumière de la pièce: son kidnappeur était ce même homme qu'Elyo lui avait suggéré de suivre. Quelle erreur, songea Willan, concentré sur l'homme.
Ce dernier était assis dans un fauteuil, à l'image d'un roi se prélassant dans un trône. Ses yeux sombres étaient vrillés sur le visage de Willan, mais seul un calme impassible recouvrait ses traits. Une dualité de regard s'imposa rapidement, mais l'homme, au bout de quelques minutes, brisa le face-à-face silencieux, et en se redressa, annonça d'une voix grave, aux ondulations profondes.
  • Willan Spirtyan, n'est-ce pas?
  • ...Effectivement.
L'homme eut un air satisfait, et à pas lent et mesurés, franchit la distance les séparant, laissant ainsi le loisir au jeune homme de découvrir à quel point il était grand. Mais il n'avait pas ce charisme de requin; son absence de muscles et de poids laissant comme une étrange frustration dans l'admiration de son observation. Il se planta devant Willan, se laissant dévisager de pied en cap.
  • Je m'appelle Thomas Teufel.
  • Enchanté, murmura Willan d'une voix neutre.
Le métis frissonnait, intimidé par le regard paradoxal du géant anorexique. Un mélange équitable de douceur et d'intelligence brillait au fond des prunelles sombres, miroitant un regard effrayant et perçant. L'androgyne, du mieux qu'il put, affronta les yeux sombres en opposant son regard d'un vert scintillant. Le géant détourna brièvement les yeux.
  • Je vais me charger de faire venir ici Elyo.
  • Dites-moi ce qu'il se passe, je vous en prie. Ou...
  • Te crois-tu fou? Demanda doucement le géant, toujours sans affronter les yeux verts.

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