dimanche 22 juillet 2012

Extrait deux: Gaël Mindsedge numéro un.

Gaël Mindsedge.

Allongé sur le sol, son poil s'assombrissant sous la pluie, le chien avait la gueule ouverte dans une flaque d'eau. Ses prunelles mordorées étaient éteintes, et aucun souffle ne venait soulever, par des mouvements réguliers, sa large poitrine blanche. Nonobstant, comme un contraste à sa robe pâle, une explosion sanguine avait tracé, sous son ventre, une effusion rubiconde. Ouvert à partir de la cage thoracique, et jusqu'au bas des côtes, le chien était mort avec une fulgurance impitoyable.
Adossé contre un mur, le souffle court, je fixais le cadavre de l'animal, les yeux écarquillés. Le chien m'avait bondit dessus, et dans une folie meurtrière, avait tenté de m'arracher l'épaule. Je n'avais ni cherché à réfléchir, ni à l'écarter; je m'étais défendu.
Le couteau entre mes doigts, à la lame perlée d'un long filet sombre, en témoignait.
Mon épaule me faisait mal, mais ignorant ce qui n'apparaissait à mes yeux que comme de la "bobologie", je constatais avec plus d'intérêt que j'étais en pleine ruelle éclairée, et que n'importe qui venant à passer par là, assisterait au spectacle.
Deux êtres, un chien blanc et un garçon blanc. Tous deux adversaires, mais tous deux couverts par ce même rouge fautif. Coupable. L'étais-je, moi qui n’avais fait que me défendre? Un rire moqueur étira mes lèvres, et me baissant pour frotter le couteau dans une flaque d'eau, je secouais mes très longs cheveux rouges.  Mes yeux noirs balayèrent mon reflet d'adolescent à la peau pâle, au visage anguleux, et glissa sur les ombres des voitures, au loin. Un klaxon résonna quelque part dans le quartier, et me redressant, je me fondais aux ombres des immeubles.

(...)

Mes pas résonnaient dans la cage d'escalier. Le couteau camouflé aux yeux du monde, retenu contre ma peau par la pression d'une ceinture, était une présence froide contre le derme tendu de mon ventre, et gênait quelque peu mon ascension des marches que je grimpais les unes après les autres. Quelque part dans la cage d’escalier, il y avait une lampe. Sa teinte verdâtre, électrique, teintait les murs d’une couleur me plongeant en plein roman de Stieg Larsson, et j’effleurais des yeux les ombres qui se dessinaient sur mon passage. Sous mes pieds, sur le ciment sale des marches, les insultes silencieuses de tags et de graffitis aux auteurs inconnus ornaient les coins de murs. Les étages continuèrent à défiler au rythme de ma marche lente, et arrivé au plus haut étage de l’appartement froid, je m’arrêtais en posant ma main sur la porte. Le contact rugueux de la peinture écaillée me fit frissonner et je déplaçais ma main jusqu’au bouton de porte, pour le tourner doucement, en essayant de faire le moins de bruit possible.

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